De plus en plus de personnes déclarent souffrir de stress au travail. Lorsqu’il devient chronique, ce stress peut mener à des troubles psychiques sévères tels que le burn-out ou la dépression. Pourtant, il existe une ressource essentielle, souvent négligée, qui permet d’en limiter les effets : le soutien social. Mais de quoi parle-t-on exactement ? Et en quoi le soutien social peut-il réellement nous aider à mieux vivre notre travail ?

Comment se forme le stress au travail ?
Pour comprendre l’intérêt de cultiver le soutien social, il faut d’abord comprendre les mécanismes du stress au travail. Le chercheur Robert Karasek a développé un modèle de référence sur le sujet : le modèle « Job Strain ». Il identifie deux éléments clés qui influencent notre expérience du travail :
- La demande : ce sont les exigences liées à notre poste (quantité de travail, complexité des tâches, pression temporelle…).
- Le contrôle : c’est notre autonomie, c’est-à-dire la marge de manœuvre dont nous disposons pour organiser notre travail.
Les quatre grands types de situations de travail
À partir de ces deux dimensions, Karasek a distingué quatre types de situations de travail, chacune ayant des effets spécifiques sur la santé mentale :
1. Les emplois à fortes contraintes : Charge de travail élevée et très peu d’autonomie. Ce sont les plus à risque : stress chronique, épuisement, troubles anxieux, fatigue physique…
2. Les emplois actifs : Exigences importantes mais forte autonomie. Ces postes peuvent être intenses, mais sont souvent perçus comme stimulants et valorisants.
3. Les emplois à faibles contraintes : Peu de pression, avec un certain degré d’autonomie. Ces emplois sont souvent vécus comme confortables, mais peuvent aussi manquer de challenge.
4. Les emplois passifs : Faibles exigences et faible autonomie. Peu de stimulation, peu de possibilités de mobiliser ses compétences : cela peut entraîner désengagement, frustration et perte de motivation.
Le soutien social au travail : un véritable rempart contre le stress
Quelques années plus tard, Karasek, a enrichi son modèle en y ajoutant une troisième dimension cruciale : le soutien social. Ce qu’ils ont démontré, c’est que se sentir soutenu·e dans son environnement de travail permet d’atténuer les effets négatifs du stress. Ce soutien peut venir des collègues, de la hiérarchie, ou plus largement de l’organisation. Il renforce la capacité des individus à faire face aux exigences professionnelles.
Les différentes formes de soutien social
Le soutien social ne se limite pas à une écoute bienveillante. Il peut prendre plusieurs formes complémentaires :
- Le soutien émotionnel : écouter, rassurer, montrer de l’empathie face aux difficultés rencontrées.
- Le soutien instrumental : prêter main-forte de manière concrète (aider à finir une tâche, prendre le relais ponctuellement…).
- Le soutien informationnel : transmettre des conseils, des explications, des retours d’expérience.
- La camaraderie : partager des moments informels (repas, pause café, événements sociaux ou culturels…).
Ces différentes formes de soutien participent toutes à un climat de travail plus sain, plus humain.
Pourquoi le soutien social est crucial pour les entreprises ?
Selon le chercheur Benjamin Schneider, les collègues définissent l’environnement social du travail. Avec l’évolution des modes d’organisation, le travail en équipe est devenu central. Ce qui signifie que nos interactions ont un poids considérable sur notre quotidien professionnel. Un environnement où l’entraide est valorisée, où les personnes peuvent compter les unes sur les autres, diminue significativement les risques liés au stress chronique. Et ce n’est pas seulement bénéfique pour les salarié·es.
Un climat de soutien :
- Favorise la motivation,
- Renforce l’engagement,
- Améliore la productivité.
À l’inverse, un climat social dégradé (conflits, isolement, manque d’écoute) peut entraîner :
- Une augmentation des arrêts maladie,
- Un turnover plus élevé,
- Une baisse de performance globale.
En conclusion
Investir dans le soutien social, c’est investir dans la santé mentale des équipes… mais aussi dans la pérennité de l’organisation. Cultiver un climat de confiance, favoriser l’entraide, encourager la reconnaissance et le lien humain : ce sont des leviers simples, puissants, souvent oubliés – et pourtant essentiels pour faire du travail un lieu où il fait bon vivre.