« Je suis fatigué·e, mais ça ira mieux ce week-end… »
Le burn-out n’apparaît pas soudainement. C’est un état d’épuisement qui s’installe progressivement. Et, avec le temps, on finit par le banaliser. Bien souvent, les personnes concernées ne prennent conscience de leur souffrance que lorsque le burn-out est déjà bien installé. Pourtant, les signaux d’alerte sont là, bien présents. D’où l’importance de ralentir, prendre du recul sur sa situation, et se protéger.
En 1997, les psychologues Christina Maslach et Michael Leiter ont identifié les trois dimensions du burn-out :
- l’épuisement émotionnel
- le cynisme vis-à-vis du travail
- la diminution du sentiment d’efficacité personnelle
Mais d’autres caractéristiques viennent également composer l’épuisement professionnel. Pour mieux les repérer, voici 5 signaux d’alerte à ne pas négliger :

1. Un épuisement constant, physique et émotionnel
Le burn-out commence souvent par un épuisement extrême, à la fois physique et émotionnel. Le sentiment de fatigue est permanent, même après une bonne nuit de sommeil ou un week-end de repos. On se sent vidé·e, essoufflé·e, littéralement « à plat ». Des tâches simples, qui ne posaient aucun problème auparavant, demandent désormais beaucoup plus d’énergie.
2. Un changement de comportement : détachement, cynisme, repli
Face à un sentiment d’impuissance ou de frustration, les personnes en burn-out adoptent souvent une attitude de détachement :
- Perte d’intérêt pour les missions
- Cynisme inhabituel
- Réactions sarcastiques ou indifférentes vis-à-vis des collègues ou du travail
Ce phénomène, appelé dépersonnalisation, est un mécanisme de défense : le mental se protège pour mettre de la distance avec une réalité trop difficile à vivre.
3. Un sentiment d’inefficacité et de doute professionnel
Même quand l’investissement reste élevé, la personne en burn-out a l’impression de ne plus être à la hauteur. Elle doute de ses compétences, dévalorise son travail et ressent parfois un sentiment de gâchis ou d’absurdité.
Elle peut se dire :
- « Mon travail ne sert à rien »
- « Je ne suis plus à la hauteur »
- « N’importe qui pourrait me remplacer »
4. Des manifestations physiques qui s’accumulent
Le burn-out n’est pas seulement mental : il affecte aussi le corps. Ces symptômes n’ont pas toujours de cause médicale identifiable, car ils sont souvent des réactions au stress chronique (Karasek & Theorell).
Parmi les signes physiques fréquents :
- Difficultés de concentration, trous de mémoire
- Troubles du sommeil (endormissement difficile, réveils nocturnes, insomnies…)
- Maux de tête, tensions musculaires, troubles digestifs…
5. Un isolement social progressif
Quand on est épuisé·e, chaque interaction demande un effort. Petit à petit, on commence à éviter les autres, à refuser les invitations, à mettre de côté les loisirs, même les plus simples. Résultat : on se replie sur soi. On continue souvent à beaucoup travailler, mais la vie personnelle disparaît. L’isolement devient alors à la fois une conséquence et un facteur aggravant du burn-out. Il nous prive d’une ressource pourtant essentielle pour faire face au stress professionnel : le soutien social.
Ce qu’il faut retenir
Certaines personnes pensent encore que le burn-out est une affaire de fragilité individuelle. À cela, je réponds : non, ce n’est pas vrai. Le burn-out est une réponse à un système de travail dysfonctionnel. Repérer ces signaux avant qu’il ne soit trop tard, c’est de la prévention. C’est prendre soin de soi ou d’un·e collègue avant que la situation ne se dégrade davantage.
Et si tu te reconnais dans plusieurs de ces symptômes — ou si tu identifies ces signes chez quelqu’un de ton entourage — n’attends pas :
- Parle-en.
- Demande de l’aide.
- Fais-toi accompagner par un·e professionnel·le de santé.
- Apprends à poser des limites avant que ton corps ne le fasse à ta place.