Il y a un mot qui revient souvent dans mes consultations : la reconnaissance. S’il revient autant, c’est qu’il occupe une place centrale dans l’expérience professionnelle. Pourtant, nombre de mes patient·es en souffrance au travail se plaignent d’en manquer. Il semblerait que certaines entreprises n’aient pas encore saisi le rôle crucial de la reconnaissance au travail et ses effets positifs sur la santé mentale et l’engagement.

Reconnaître, c’est quoi au juste ?

C’est un mot qu’on utilise beaucoup… parfois au point d’en perdre le sens. Il est souvent confondu avec la gratitude, voire réduit à un simple « merci ». Mais la reconnaissance va bien au-delà.

Reconnaître, c’est souligner les efforts, les compétences et l’implication d’une personne. C’est poser un regard qui valide ce qui a été accompli, qui donne de la valeur à ce que l’autre fait. C’est un acte d’appréciation et de jugement, qui peut être quotidien, ponctuel ou régulier.

Donc non, ce n’est pas juste dire « merci » ou « bravo ». La reconnaissance est un besoin humain fondamental. Elle figure d’ailleurs dans la pyramide des besoins de Maslow. Des chercheurs comme Jean-Pierre Brun et Claude Dugas ont approfondi ce besoin dans le contexte du travail, et leur constat est clair : être rémunéré ne suffit pas. Nous avons aussi besoin de sentir que notre travail a du sens, qu’il est utile et reconnu.

La reconnaissance au travail peut prendre plusieurs formes

  • Une parole sincère
  • Un feedback constructif
  • Une autonomie accordée
  • Une promotion ou une formation
  • Une implication dans les décisions

Bref, ce sont des gestes, des actions, des mots qui disent : « Je vois ce que tu fais, et ça a de la valeur. »

Les 3 dimensions de la reconnaissance

Selon Brun et Dugas, il existe trois types de reconnaissance au travail :

1. La reconnaissance verticale : Elle vient de la hiérarchie et valorise l’utilité du travail pour l’organisation.

2. La reconnaissance horizontale : Elle provient des collègues, et porte sur la qualité du travail réalisé et les efforts fournis.

3. La reconnaissance organisationnelle : Elle se manifeste à travers les politiques et pratiques de l’entreprise (formations, sécurité de l’emploi, équilibre vie pro/perso…).

Ces trois dimensions ne s’excluent pas, elles se complètent. Ensemble, elles participent à créer un cadre de travail sain, motivant et profondément humain. Favoriser un climat de reconnaissance, c’est aussi :

  • Améliorer l’estime de soi au travail,
  • Renforcer la santé mentale,
  • Apaiser le rapport au travail,
  • Et améliorer les relations interpersonnelles.

Et maintenant, on fait quoi ?

Installer une boîte à compliments ou une “journée de la reconnaissance” ne suffit pas à transformer durablement un climat de travail. Voici quelques leviers concrets pour encourager une culture de la reconnaissance :

  • Ouvrir des espaces de parole, pour permettre à la reconnaissance de s’exprimer naturellement
  • Donner de vrais feedbacks, sincères, réguliers, et personnalisés
  • Impliquer les salarié·es dans les décisions, pour valoriser leurs compétences et leur donner du pouvoir d’agir
  • Valoriser les efforts, pas uniquement les résultats
  • Mettre en lumière les petits gestes du quotidien, souvent invisibles mais essentiels

Reconnaître, c’est simple mais ce n’est pas banal car bien souvent, se sentir reconnu·e donne envie de rester, de s’investir… et de se dépasser.

Et si on faisait enfin de la reconnaissance une priorité, et non un bonus ?